Torture et machination policière et judicaire au Pays basque
Comité solidarité basque de Lille
Une nouvelle fois nous vous adressons à vous par l’envoi d’un nouveau document, important, publié ce jour, 21 décembre 2008, dans deux quotidiens basques.
Des citoyens basques en décidant de rendre public cet appel, avec la publication de leur visage pour quatre d’entre eux, veulent montrer et proclamer à l’opinion internationale que la répression qui frappe depuis tant d’années en Pays basque les oblige à prendre les armes même s'ils ne le veulent pas… car être inculpés et jugés comme membres de l'ETA sans l'être, alors disent ils c'est mieux de l'être et être jugé pour ce qu'on a fait et non pour ce qu'on n'a pas fait…
Car tel est la vérité, depuis plusieurs années, et précisément 2003, l’Espagne à décidé de rendre « invisible » la dissidence indépendantiste de gauche basque, interdiction de tous les partis, mouvements revendicatifs et actes politiques (manifestations, meetings) organisations de jeunes, de la solidarité avec les prisonniers, il légalisation de toutes listes électorales faisant mention du droit à la souveraineté pour le peuple basque, mais aussi des journaux, radios, des lieux ou se retrouvent de nombreux militants, les bars abertzales, sont fermés et les biens sont saisis etc.
Le nombre de prisonniers politiques basques en 2008, plus de 750, est à comparer avec les pires années du franquisme, il faut remonter à 1969 pour trouver un nombre aussi important de prisonniers politiques basques.
Et disons aussi qu’alors, la France, ne participait pas à cette répression sauvage, des procès et des condamnations toujours plus importantes …et plus de 170 militants basques incarcérés dans notre cher pays qui « fête » les 60 ans d’une certaines déclaration des droits de l’homme.
La torture est toujours utilisée par les policiers espagnols et même s’est renforcée ces dernières années.
TOUT EST ETA… telle est la machination policière et judiciaire utilisait pour réprimer des centaines de milliers de citoyens basques.
C’est dans ce contexte que ces militants ont fait le choix de faire connaître à chacun en Pays basque, mais aussi à l’opinion internationale, leur refus de se soumettre, et leur désir de s’engager pour que vive demain un Pays basque libre et souverain.
Le Comité solidarité basque de Lille tient à exprimer publiquement sa totale solidarité avec ces hommes et femmes courageux, et comme il le fait depuis 1986, date de sa création, il continuera à exprimer cette solidarité indispensable.
Le Comité solidarité basque de Lille vous appel à diffuser le plus largement possible la déclaration de ces dix citoyens basques.
Et n’oublions jamais que cette répression qui frappe, aujourd’hui les Basques, peut être demain appliqué à bien d’autres ici et ailleurs.
csblille@aol.com
Déclaration de dix Basques
Nous, personnes ici présentes, voulons faire connaître à la citoyenneté basque la réflexion que nous avons eue et la décision, qu’en fonction d’elle, nous allons prendre.
Au Pays basque, il n’y a pas de démocratie. Le peuple basque ne peut pas décider de son avenir. L’attaque répressive s’aggrave ainsi que la situation antidémocratique. Il n’y a pas de liberté d’expression, il n’y a pas de liberté d’organisation, il n’y a pas de liberté de mobilisation, il n’y a aucune possibilité d’être indépendantiste...
On nous condamne à ne pas pouvoir décider de notre avenir et la dictature des juges et de la garde civile tombe sur nous. Tandis qu’on nous emprisonne, qu’on nous envoie à l’exil, qu’on nous punit et tandis qu’on viole notre peuple, les politicards sans scrupules du PNB et de Nafarroa Bai nous demandent, comme les tortionnaires du PSOE et du PP, de condamner ETA. Nous affirmons notre opposition et condamnons fermement l’hypocrisie de tous ceux qui, avec tant d’acharnement, attaquent ETA.
Face à un Pays basque sans démocratie, face à une dictature policière et juridique, face à l’interdiction des mouvements populaires et des partis, face à la condamnation à mort des prisonniers(ères) politiques... en définitive, face à la détermination des États d’annihiler ce peuple, que font ces forces politiques qui se proclament « abertzales » pour défendre le Pays Basque? Quand se lèveront-elles pour faire front à l’oppression dont souffre ce peuple ?
Nous, citoyens et citoyennes réunis aujourd’hui ici, nous avons été des militants de la Gauche Indépendantiste Basque qui, d’une façon ou d’une autre, ont participé à la lutte en faveur du Pays basque. Jusqu’à maintenant, nous avons milité dans des mouvements populaires du Mouvement de Libération Nationale Basque. Nous avons dû fuir lorsque, des policiers armés jusqu’aux dents se sont présentés pour nous arrêter, nous torturer et nous emprisonner. Et nous ne sommes pas les seuls. Ces dernières années, beaucoup de monde a été mis en prison ou a été forcé de fuir seulement pour avoir travaillé pour la libération de ce peuple. C’est évident que maintenant plus que jamais il faut donner une réponse à cette situation en tant que peuple.
Aujourd’hui, à travers cette déclaration, nous voulons dire cela : puisque nous n’avons aucune autre possibilité de lutter dans nos organisations, nous, personnes qui signons cette déclaration, n’avons aucune intention de renoncer à la lutte, ni de nous présenter au Tribunal Spécial de Madrid (l’Audience Nationale). Si l’ennemi pensait qu’il pouvait nous neutraliser, il s’est trompé.
Nous tous et nous toutes avons pris une décision : ils sont venus avec des armes en enfonçant la porte de nos maison pour nous torturer et nous incarcérer. Ils sont venus avec la raison des armes, celle si bien enracinée en Espagne. Ils ne nous ont laissé aucune autre issue, il faut répondre avec les armes à l’imposition armée, et nous le ferons avec détermination !
Bien que nous n’étions pas des militants de l’ETA, ils ont voulu nous juger et incarcérer comme si nous l’étions, mais face à cela nous n’avons pas reculé : nous avons pris la décision de prendre les armes et de renforcer les rangs d’Euskadi Ta Askatasuna, comme beaucoup d’autres personnes l’ont fait avant nous.
Il y a cinquante ans qu’Euskadi Ta Askatasuna est née, il y a trente ans que les citoyens et citoyennes basques ont rejeté la Constitution espagnole. Combien d’années faudrait-il encore pour qu’on se rende compte que la voie de l’imposition ne mène à rien ? Face à l’agression continuelle que le peuple basque subit, nous voulions, avec humilité, mais aussi avec beaucoup de fierté, expliquer au peuple basque les raisons de notre décision et en même temps faire arriver un message clair aux responsables politiques de la répression.
Enfin, nous voulions lancer un appel à tout le peuple basque pour qu’il lutte d’une façon organisée et engagée en défense de la liberté et à la reconstruction du Pays basque.
Vive le Pays basque libre !
Jo ta ke irabazi arte ! (Frapper jusqu’à gagner)
Dix citoyens et citoyennes basques
Publié dans les journaux basques Gara et Berria le 21 décembre 2008
*Le terme abertzale en euskara signifie "amant de la patrie", "patriote" ou "partisan de la patrie.Bien que la traduction la plus littérale au français soit "patriote", on l’utilise aussi pour "nationaliste basque".
Arrestations et tortures en Pays basque
Extrait du journal GARA du 21 décembre-Traduit pas Libérez-les !
L'avocat d'office est arrivé à demander « le corpus habeas » en voyant l'état des derniers prisonniers
Le juge Ismael Brun a envoyé hier en prison, Arkaitz Landaberea et Julen Etxaniz, tandis qu'il laissait en liberté June Vilarrubia. June a qualifié d'«enfer » authentique les journées ou elle est restée dans les mains de la Garde Civile.
Sur la situation des deux autres emprisonnées il n'y avait pas de nouvelles à cette heure, mais l'avocat d'office, qui a constaté leur mauvais état de santé, en est arrivé à demander « le corpus habeas »
June Vilarrubia, arrêtée mardi par la Garde Civile avec Julen Etxaniz, Arkaitz Landaberea et Saioa Urbistazu, a donné un nouveau témoignage des tortures infligées par les forces de sécurité espagnoles.
Le magistrat a décrété, toutefois, qu’ils resteront en prison. Il accuse Landaberea et d'Etxaniz, « d’appartenance à bande armée ». Urbistazu a été, elle, remise jeudi en liberté et sans charge.
« Cinq jours d'enfer » c'est ce qu’à subit June par ceux qui l’ont arrêtés, mais elle est restée en liberté après avoir déclaré ces éléments devant le juge de l'Audition Nationale Ismael Brun.
Dans une déclaration du mouvement pro amnistie, June Vilarrubia a indiqué que pendant le temps où elle est restée isolée, les gardes civils lui ont fait « la bourse » (sac plastique sur la tête) à de maintes fois, et qu’elle s’est évanouie plusieurs fois pendant la pratique de la torture.
De même, les gardes civils qui l’ont maintenu captive pendant les deux premiers jours l'ont complètement dévêtu et pratiqué des attouchements sur ses seins et ailleurs.
La jeune citoyenne basque a aussi expliqué qu'ils l’ont tiré d’un côté à l’autre d’une pièce par les cheveux.
« Tu vais renverser du sang ! »
June Vilarrubia a aussi expliqué que les gardes civils qui l'interrogeaient lui ont demandés si elle était en période de menstruation, comme elle a répondu négativement, et ils lui ont répondu « Pas grave, puisque tu vas verser ton sang ».
Comme elle l’explique aussi dans la déclaration du mouvement pro amnistie, pendant ces cinq jours dans cette cellule de détention de l'institut militaire, la jeune basque a subit beaucoup de longs interrogatoires non officielles, non pas dans une salle du commissariat mais dans une des cellules du sous sol.
Nous n’avons à cette heure, aucune information sur le sort réservé à Landaberea et Etxaniz, emprisonnés sur ordre du Juge Moreno.
Toutefois le mouvement pro amnistie a pu savoir par l'avocat d'office qui leur a été assignés, que les deux jeunes basques emprisonnés se trouvaient dans un très mauvais état, à un tel point qu’il a demandé l’application du corpus habeas (visite d’un médecin extérieure... qui une personne de confiance nommée par la famille), une telle demande faite par un avocat commis d’office est exceptionnelle.
Il rend compte que lors de sa visite à Landaberea, ce dernier tremblait. L'avocat des prisonniers a aussi sollicité l'application de ce qui est appelé « règles du Juge Garzon» (protocole contre la torture), mais le juge Moreno n’a pas répondu à cette demande. (Ce qui est un aveu de sa complicité avec la police et ses pratiques de la torture)
Selon des données apportées cette semaine, et avant même de connaître le témoignage des derniers prisonniers de la Garde Civile, 26 témoignages de tortures ont été quantifiés depuis la fin d'août, ce qui fait qu’un basque est torturé tous les quatre jours.
Depuis le début de l’année 2008, 60 témoignages ont apporté la preuve des tortures qui ont été infligées par la Garde Civile contre des citoyens basques.
Le juge accuse, dans son plaidoyer, les deux jeunes d’avoir recueilli depuis 2006 des informations sur des objectifs possibles d'ETA, principalement sur des membres des Forces de Sécurité de l'État, mais aussi sur des élus du PP et du PSE, ainsi que sur plusieurs commissariats de l'Ertzaintza (police basque au service de l’Espagne), mais aussi sur des entreprises, infrastructures judiciaires et autres bâtiments officiels situés en Gipuzkoa (province basque du Sud)….
A suivre… !